EN LIGNE :
TOM GRANT, DÉTECTIVE PRIVÉ ENGAGÉ PAR COURTNEY LOVE POUR RETROUVER KURT COBAIN
UN ACTE DE LÂCHETÉ
En raison des menaces des avocats de Courtney et des intimidations de puissants agents de l'industrie, les médias n'ont pas correctement couvert l'événement que constitue la mort de Kurt Cobain. Mais les tentatives de Courtney visant à faire le silence sur toute l'affaire ont échoué. La rumeur se répand grâce à Internet..
L'avocat de Courtney, un poltron silencieux et hypocrite, a fait enregistrer une plainte à mon encontre au Département de la Protection des Consommateurs à Sacramento, en Californie. C'est ce bureau qui accorde leurs licences aux détectives privés de Californie.
Plutôt que de répondre aux rudes questions soulevées par mon enquête, les avocats de Courtney essayent sournoisement de faire suspendre ou révoquer ma licence, de manière à me mettre hors-jeu.
La plainte enregistrée au nom de Courtney se fonde sur le fait que j'aurais violé un paragraphe du code du Commerce et du travail, en révélant des éléments de mon enquête au public. Le code établit qu'un détective privé ne peut donner d'informations sur une enquête à personne d'autre qu'aux représentants de la loi, du moins s'il n'a pas le consentement de son client. Voici quelques extraits de ma réponse :
Mlle Susan Just
Case Management Branch
Département de la Protection des Consommateurs
10220 Systems Parkway, Suite B,
Sacramento, Californie 95827
Réf : Affaire n° IA 957769- PI Lic. n° 16603
Chère Mlle Just,
En réponse à la plainte enregistrée, j'ai expliqué ci-dessous les motifs de mes actes :
1. Immédiatement après que l'on a trouvé le corps de Kurt Cobain, ma cliente a communiqué mon numéro de téléphone à la presse. Elle ne m'a pas seulement donné la permission de parler aux journalistes, elle m'y a encouragé. Elle estimait apparemment que je me trouvais en position de m'exprimer valablement. Mes soupçons étaient tels qu'à ce moment-là, j'ai refusé. Je n'étais pas prêt à faire des déclarations publiques sur lesquelles j'aurais pu avoir à revenir plus tard.
2. Je crois que ma cliente m'a recruté pour de faux motifs, et qu'elle a, de ce simple fait, annulé le caractère légal de la relation client/enquêteur.
3. Le 8 mai 1994, un mois après la mort de Kurt Cobain, j'ai prévenu Mlle Love qu'elle n'était plus ma cliente, et qu'elle n'aurait plus de paiements à effectuer pour mes services.
Cependant, Mlle Love a continué à louer mes services pour des cas qui n'avaient aucun rapport avec la mort de son mari, dans le but évident de rester informée de mes progrès dans l'enquête sur le meurtre. Je n'ai nullement l'intention de débattre publiquement de ces autres enquêtes.
4. J'ai essayé à plusieurs reprises de faire venir Mlle Love à mon bureau pour me rencontrer pendant qu'elle était à Los Angeles. Je l'ai prévenue que c'était extrêmement important. Je voulais évoquer avec elle mes soupçons et quelques-unes de mes conclusions. Je ne voulais pas envoyer une simple lettre, je sentais qu'il fallait que je m'entretienne avec elle directement.
Mlle Love a promis de me rencontrer quelques semaines plus tard, mais bien qu'elle soit restée quelque jours à Los Angeles, à trois kilomètres de mon bureau, elle a "oublié" de venir me voir.
5. Quand j'ai commencé à penser à l'hypothèse d'un meurtre, je suis allé à la police comme l'exige la loi... sept jours après la mort de Kurt ! La police a choisi de ne pas accorder de crédit aux informations que je lui procurais, et a préféré ignorer les innombrables contradictions qui émaillent les dépositions de ma cliente.
6. J'ai notifié mes soupçons à ma cliente par écrit, et elle a, dès lors, commencé à saboter mon travail.
7. Deux personnes proches de Mlle Love sont mortes dans des circonstances suspectes 1 dans les deux mois qui ont suivi la mort de son mari. C'est une coïncidence trop étonnante pour que je puisse négliger ma propre sécurité.
8. Divulguer ces informations au public crée une atmosphère sécurisante pour moi et les personnes qui travaillent pour moi.
9. D'autres personnes sont en train de mourir. Des jeunes se suicident à cause des informations erronnées données par la presse, et de cette idée que quelqu'un qu'ils admiraient a choisi cette manière de résoudre ses problèmes.
10. La police de Seattle minimise délibérément l'importance d'informations indiquant que quelque chose n'est pas clair dans la mort de Cobain. Fondées sur les contradictions contenues dans les rapports d'inspecteurs coupables d'avoir bâclé leur travail, les informations communiquées à la presse et au public se sont révélées inexactes et déroutantes.
Dans ces conditions, il serait stupide de ma part de continuer à fournir à la brigade de Seattle des preuves tangibles de ce que j'avance, pour les voir éliminées ou discréditées par elle.
11. Je ne me tairai pas à propos de ce que je crois être un meurtre, simplement parce que d'autres veulent fermer les yeux.
Cette affaire doit être réexaminée par une agence gouvernementale indépendante. Si vous jugez que j'ai violé le code du Commerce et du Travail, et si vous suspendez ou révoquez ma licence, je ferai appel.
Quoi qu'il en soit, les lois sont importantes : elles ne devraient pas être ignorées. Mais seul un fou s'arrête au feu rouge s'il sait qu'un camion lancé à pleine vitesse est sur le point de le percuter par l'arrière.
Sincèrement,
Tom Grant
THE GRANT COMPAGNIE.
UNE DIVERSION TEMPORAIRE
Ils vont peut-être me retirer ma licence et je risque de me retrouver hors-jeu... temporairement.
L'adresse du Département Californien de la Protection des Consommateurs est indiquée dans la lettre ci-dessus. Si vous voulez que je puisse poursuivre mon enquête, je vous invite à lui écrire et à exprimer votre opinion.
J'ai été critiqué par certains pour avoir donné tous les détails de mon enquête sur Internet. Pourtant, si Courtney veut répondre, je serai heureux de mettre sur le réseau sa réponse complète. Courtney possède quelque chose que je n'ai pas... un accès immédiat aux médias. Elle a cultivé une foule d'amis journalistes disposés à biaiser leurs reportages en échange de l'interview d'une figure aussi controversée qu'elle.
De surcroît, Courtney utilise de manière intensive les services on-line d'Internet, pour faire la promotion de son agenda. Elle en profite également pour dénigrer tous ceux qu'elle considère comme ses ennemis sur le réseau. Courtney semble estimer qu'elle seule a la droit de faire et de penser ce qu'elle veut.
Pourtant pour ce qui concerne cette enquête, Courtney préfère se cacher. Ses avocats font tout ce qu'ils peuvent pour supprimer les informations contenues sur le réseau, plutôt que d'y répondre.
Gardez en tête que le cabinet Codikow, Carroll et Regis est dans une situation délicate. Ils n'essayent pas seulement de calmer le jeu, ils essayent aussi de dissimuler dans cette enquête l'implication et la participation d'une amie proche de Courtney. L'une des associées de leur propre cabinet... Rosemary Carroll !
LA GAFFE DE KROQ
- Cinq minutes et c'est tout !
En janvier dernier, le producteur du Kevin and Bean Show, qui passe à l'antenne le matin sur 106.7 FM à Los Angeles, me demandait, par téléphone, une interview de cinq minutes.
Cinq minutes ? ai-je pensé. Pas question ! C'est une station qui passe beaucoup de musique du groupe Hole. Ces deux garçons sont des comédiens. Il tournent tout en dérision, pourquoi me voulaient-ils seulement pour cinq minutes ?
Devinant que j'avais été programmé pour recevoir une raclée, j'ai dit au producteur que je ferais une heure minimum, pas moins, et que je voulais rencontrer Kevin et Bean, le jour précédant l'émission, pour parler de ce dont j'aurais à débattre avec eux à l'antenne.
- D'accord ! a-t-il dit...
On s'est retrouvés au studio pendant deux heures, la veille du passage à l'antenne. Kevin et Bean étaient tous les deux très amicaux et paraissaient être de mon côté, mais j'avais l'impression d'avoir été trompé.
J'avais raison.
Oublieux des décisions prises la veille, dix minutes après que l'émission eut commencé, ces gars ont commencé à m'agresser. Une heure et demie plus tard, nous étions encore sur le champ de bataille. Le standard était saturé. Kevin et Bean ont essayé de noyer les choses mais tout prenait feu. La majorité de ceux qui appelaient étaient favorables à mon enquête et voulaient en savoir davantage.
Un avocat a appelé le studio, de sa voiture et a dit aux animateurs quelque chose comme "Vous n'écoutez pas, ce type sait ce qu'il fait !" et leur a donner ensuite une brève leçon de logique.
Quand le temps est venu pour moi de partir, Kevin et Bean m'ont demandé si je souhaitais revenir la semaine suivante pour la suite de cette interview.
- Bien sûr. Quand vous voudrez !
En écoutant la radio, tandis que je m'éloignais des des studios, j'ai entendu l'animateur promettre à ses auditeurs que je reviendrais bientôt. On avait voulu s'amuser de moi, mais le public de la radio m'avait considéré comme crédible.
Le lendemain, vers sept heures, j'allume la radio pour écouter le Kevin et Bean Show. Ce qui suit est une transcription de ce que j'ai entendu...
Bean : Ici le mondialement célèbre K-rock, 106.7 Kroq. Kevin et Bean. Il est 7 h 37. Nous devons nous occuper de quelque chose de pressant parce que nous avons eu euuh, je ne pense pas exagérer si je dis, que nous avons eu beaucoup d'appels téléphoniques ce matin...
Kevin : Aah, tu n'exagères pas du tout !
Bean : Des tas d'appels qui demandent une sorte de suite au show d'hier, dans lequel un détective privé s'est exprimé au sujet de la mort de Kurt Cobain...
Nous sommes forcés à 100 % contre notre volonté à vous lire ceci : "Les représentants de Courtney Love ont fait objection au contenu du show d'hier soir. Par déférence pour Mlle Courtney Love, nous nous abstiendrons désormais de traiter de quelque sujet concernant Mlle Love. Merci de votre écoute et de votre compréhension."
Bien sûr, je n'ai pas été réinvité à intervenir sur cette radio, et les auditeurs qui ont téléphoné ont été priés de s'abstenir d'aborder ce sujet à l'antenne.
LE CANULAR DE LA "MACHINE À RÊVER"
Cette histoire bidon illustre bien la tactique de diversion utilisée par le clan de Courtney Love. Heureusement, presque tout le monde a immédiatement senti là-dedans une grossière escroquerie, un canular tellement lourd qu'il ne sert à rien d'en démentir les détails.
MA LICENCE
Le Département de la Protection des Consommateurs a encaissé mon chèque de cotisation bi-annuelle pour le effectuer le renouvellement de ma carte de détective privé. Je suppose que l'avocat de Courtney Love a fait marche arrière. J'espérais que nous allions enfin nous affronter devant un tribunal, mais le clan adverse s'est dégonflé !
EN LIGNE :
TIM KENNEALY ET STEVE BLOOM, JOURNALISTES AU MAGAZINE HIGH TIMES
QUI A TUÉ KURT COBAIN ?
Deux ans après la mort de Kurt Cobain, un grand nombre de gens continuent de croire que le leader de Nirvana ne s'est pas suicidé, et que sa mort a été le résultat d'un acte criminel.
C'est l'une des raisons pour lesquelles l'avocat de Love a enregistré une plainte au Département Californien de la Protection des Consommateurs, dans le but de faire suspendre la licence du détective privé Tom Grant. Celui-ci en a pourtant obtenu le renouvellement sans problème.
"Ils font vraiment tout pour effrayer les gens, dit Grant. En fait, ils tirent des balles à blanc. Mais ils ne peuvent pas aller trop loin, car cela risquerait d'attirer l'attention sur cette affaire, et c'est exactement ce qu'ils veulent éviter."
Grant maintient que sa démarche est bien étayée. Il continue à compiler les informations, espérant construire une argumentation suffisamment solide pour obliger la police de Seattle à rouvrir le dossier. "Les flics devront répondre à un tas de questions, dit-il. Mais ils ne le feront pas tant qu'ils ne subiront pas assez de pressions. Pour le moment nous sommes cantonnés au rôle d'observateurs."
UN TUEUR À GAGES
Quand on regarde jouer El Duce avec son groupe les Mentors, rois du porn-metal à Hollywood, certaines images viennent immédiatement à l'esprit. Le chanteur, trapu, torse nu, ânonne, en grognant, des histoires parlant de viols, de vengeances et de débauche. Il porte une cagoule noire de sa fabrication personnelle, et ressemble à un bourreau médiéval. Il ne lui manque qu'une hache.
Cette allure d'exécuteur n'a apparemment pas échappé à Courtney Love, qui a rencontré El Duce, vers la fin des années 80, par l'intermédiaire du batteur du groupe Hole. D'après El Duce, Love s'est montrée au Rock Shop, un magasin de disques à Hollywood, au 1644 de l'avenue Wilcox, quelques jours avant le Nouvel An, aux environs de 20 h 30. Tandis que El Duce attendait un ami dehors, une limousine transportant Love s'est arrêtée devant le magasin. Love, à ce qu'il paraît, a alors fait une proposition qu'El Duce ne pouvait pas refuser :
- El, j'ai vraiment besoin que tu me rendes un service. Mon vieux mari a été vraiment un gros con ces derniers temps. Je veux que tu lui fasse sauter sa putain de cervelle !
- Tu es sérieuse ? a demandé El Duce.
- Ouais, je te donnerai cinquante mille dollars pour lui faire sauter sa putain de tête !
- OK, si tu es sérieuse !
"Je n'étais pas vraiment sûr qu'elle était sérieuse", dira plus tard El Duce. Elle a dit :
- où est-ce que je peux te joindre ?
A ce moment-là je n'avais pas de téléphone, mais je prenais mes messages dans un bar, c'est pourquoi j'ai répondu :
- Tu peux me contacter au Rock Shop.
Elle est rentrée dans le magasin, et le vendeur lui a donné une carte avec le numéro de téléphone.
Karush Sepedjian, qui dirige le Rock Shop, se rappelle la visite de Love en ces termes :
- El était en train de s'exciter sur un banc devant le magasin, quand elle est arrivée. J'ai entendu des bribes de leur conversation. je l'ai entendue dire, "Est-ce que tu pourrais t'occuper de ça, est-ce que tu peux faire en sorte que ce soit fait ? Qu'est-ce que tu veux en échange ? Ils parlaient de casser la gueule à Kurt Cobain. Ensuite, El l'a emmenée à l'intérieur et m'a dit tranquillement : "Elle m'a offert cinquante mille billets." Elle a pris la carte que je lui tendais et m'a dit qu'elle me téléphonerait pour joindre El dans les mois qui suivaient."
En mars, Love téléphone au Rock Shop pour parler à El Duce. Sepedjian prend le combiné. Je lui ai dit :
- Il n'est pas dans le coin, il est en tournée.
Elle était comme soufflée et s'est mise à hurler :
-Comment ? Quel fils de pute, nous avions un accord !
Elle jurait et ne cessait de répéter :
- Qu'est-ce que je vais faire ?
J'ai dit :
- Je ne sais pas, j'ai un magasin à tenir, tu vois ? Alors salut !
Dix jours plus tard, on a trouvé le corps de Cobain. Ce jour-là, El Duce plaisante :
- Je me demande si elle n'a pas payé un gogo pour lui faire sauter la tête !
Et Sepedjian insiste :
- Peut-être a-t-elle trouvé quelqu'un d'autre.
Je pense que Kurt se préparait à demander le divorce pour adultère, suppose El Duce. Il fallait qu'elle le fasse crever pour avoir l'argent.
Fréquemment accusés de misogynie, les puérils et sans complexes Mentors, El Duce, Dr. Heaten Scum et Sickie Wifebeater, enchantent leurs fidèles, et offensent tous les autres depuis 1977. Auteurs de chansons aussi controversées que Sur la Serviette Hygiènique, Gueule de Chaude-Pisse et Les Hétérosexuels ont le Droit de Faire du Rock, le groupe a atteint la notoriété dans les cercles de musique underground, grâce à ces concerts bizarres mettant en scène des danseuses de night-club et autres représentations sexuelles.
Leur moment de gloire est arrivé en 1985, quand Tipper Gore a cité leur chanson Lavements Dorés lors d'une conférence au congrès du Centre de Documentation des Parents sur la Musique, dans le cadre de la campagne contre les paroles obscènes. Levez le nez et sentez mes vapeurs anales, a dit Tipper en citant El Duce, vos visages seront mon papier toilette.
El Duce essaye peut-être seulement de spéculer sur la controverse de la mort de Cobain : Le nouveau groupe qu'il projette de créer s'appelle, comme par hasard, Courtney a tué Kurt.
HANK HARRISON : PAPA CHÉRI
Hank Harrison, le père de Courtney Love, n'est pas très respecté. Généralement décrit par les médias comme le "salaud de père de Love", il veut éclaircir certains points.
"J'ai vécu avec Courtney du jour de sa naissance jusqu'à ce qu'elle ait six ans, les week-ends comme les autres jours, explique-t-il. Puis elle a été adoptée, mais sous ma tutelle. Je n'ai eu aucune nouvelle d'elle jusqu'à sa quinzième année, quand je l'ai sortie d'une maison de redressement. C'est alors qu'elle est venue vivre avec moi. Elle est restée sous ma responsabilité jusqu'à l'âge de dix-huit ans."
Courtney avait été envoyée en maison de redressement pour vol à l'étalage. Harrison pense que c'est là qu'elle a pris une très mauvaise habitude. "La maison de redressement lui a enseigné à moucharder, dit-il. Il m'a fallu un certain temps pour comprendre qu'elle avait bénéficié de traitements de faveur en échange de ses dénonciations. Par la suite, elle m'a balancé plusieurs fois à la police car je détenais un peu d'herbe à la maison."
Les propos de Love à l'égard de son père ne sont guère plus aimables. Elle affirme avoir été conçue lors d'un viol, et dit que son père lui donnait du LSD et la battait. "Je ne veux pas que cet homme s'approche de moi, jamais." raconte-t-elle au San Francisco Chronicle en mai dernier. Harrison, qui est allé au lycée de San Mateo avec Phil Lesh avant que celui-ci crée les Grateful Dead, a dirigé le groupe antérieurement, quand il se nommait encore Warlocks. Il a écrit deux livres à propos de ses expériences avec le groupe (The Dead Book et The Dead). "Il gagne sa vie comme parasite des Grateful Dead, dit Courtney à propos de son père dans le numéro de février de Playboy. Il arnaque tous ces imbéciles qui le vénèrent parce qu'ils croient qu'il est proche des Dead."
"Phil Lesh a changé les couches de Courtney ! répond Harrison. Je me sens vraiment blessé. Bien sûr, que je vis des Dead. Il y a une demande pour ces livres. Qu'est-ce qu'elle veut que je fasse, que je ne les édite pas ? "
En dehors des piques lancées contre son père, on a vu Courtney faire étalage de ses liens avec les Grateful Dead. L'article de Playboy définit Lesh comme son parrain (ce qui est vrai). Elle a par ailleurs souvent déclaré figurer au dos de l'album des Dead, Aoxomoxoa (ce qui est faux), et avoir assisté au concert de Woodstock, quand elle n'avait que cinq ans (ce qui est également faux).
Le prochain livre d'Harrison, Au delà de Nirvana : L'Héritage de Kurt Cobain, ne va pas soulager la querelle entre le père et la fille. Dans cet ouvrage, le père de Courtney l'accuse de complicité dans la mort de son mari. "Elle a profité de sa mort d'une façon incroyable, dit-il. Je sais qu'en fait, il essayait de divorcer. Elle ne voulait pas en entendre parler. Il n'y a pas de doute dans mon esprit, Kurt Cobain a été tué."
Harrison, qui n'a jamais rencontré son beau-fils et doit encore faire la connaissance de sa petite fille Frances Bean, a su que quelque chose n'allait pas à la minute même où il a appris la mort de Kurt Cobain. "J'ai soupçonné quelque chose de louche," dit-il.
Richard Lee, qui anime sur une chaîne publique de télévision, à Seattle, une émission intitulée Kurt Cobain a été tué, a été le premier à parvenir à la conclusion que Cobain ne s'est pas suicidé. Harrison a lu l'opinion de Lee sur Internet, et l'a contacté. Lee ne détenait aucun élément de preuve substantiel, dit Harrison, mais quand j'ai déniché le détective privé Tom Grant, je me suis dit, "Qu'est-ce que je me sens bien !" D'un seul coup, je ne me trouvais plus psychotique. Je n'étais plus seul en train d'imaginer ces choses. Je n'étais pas le seul type au monde à penser que quelque chose d'étrange était arrivé. Quant à Grant, le détective, il n'arrivait pas à croire que le propre père de Courtney serait de son côté."
Quelles preuves Harrison possède-t-il de l'implication de Courtney dans la mort de Cobain ? "Courtney a un côté obscur, dit-il, et elle peut se montrer terriblement violente. Elle a essayé de me tuer deux fois, et s'est fait virer de tous les groupes avec lesquels elle a joué, précisément en raison de sa violence. Elle peut être vraiment diabolique, vraiment, vraiment sombre et sinistre, au-delà de ce que vous pouvez imaginer. C'est quand je l'ai récupérée que j'ai découvert combien elle était détraquée."
Née le 9 juillet 1964 à San Francisco, Courtney Love est revenue vivre avec son père en 1979, quand celui-ci a obtenu sa garde. Harrison devenu entre-temps rédacteur technique chez Lockeed, avait fondé sa propre société de publication, The Archives Press. Il vivait sur un bateau à Sausalito en Californie. "Elle était vraiment impressionnée par ce style vie un peu bohème, se rappelle-t-il. Beaucoup d'art, beaucoup de livres ! Elle était cool, mais elle n'avait que quinze ans. En grandissant, et à mesure qu'elle s'émancipait, elle a commencé à me regarder comme quelqu'un qui finalement n'a pas si bien réussi que ça. Elle voulait un père plus influent, quelqu'un qui aurait pu l'aider dans ses ambitions fantaisistes de showbiz."
"Quand elle était petite, vraiment toute petite, elle voulait devenir une grande vedette. Je connais beaucoup de filles qui disent qu'elles veulent devenir des stars de cinéma, mais elle, elle le pensait vraiment."
En 1980, Courtney déménage pour aller en Irlande avec son père qui prend deux années sabbatiques. "Elle a vécu avec moi pendant cinq mois, jusqu'à la fonte des neiges. Aussitôt que le printemps est arrivé, elle est allée à Liverpool. Elle était folle des garçons. Elle dansait avec des mecs, montait des arnaques. À chaque fois que je la voyais elle était bourrée de fric. C'était sa période new-wave. Elle jouait les groupies de gens tels que Julian Cope et les Echo and The Bunnymen."
Harrison revient à Bay Area en 1982, suivi de près par Courtney. Lui et sa concubine, Katrina, ont acheté une maison de style victorien dans Menlo Park, au sud de la ville. "Nous étions son point d'ancrage, dit-il. Elle déambulait, allant de piaule en piaule, de concert punk en concert punk, de camé en camé. Elle vivait dans les cuves de la brasserie Hamm désaffectée. Les gens avaient l'habitude de descendre dans les cuves et de se soûler avec les vapeurs. Elle est a été un "rat des cuves" pendant un moment."
Pionnier de la révolution informatique, Harrison devient l'éditeur du Doctor Dobb's Journal, et obtient un poste à Info World et à Plus Magazine. Ces réussites n'impressionnent guère Courtney. Celle-ci a décoré sa chambre victorienne avec des douzaines de chandelles allumées, de dentelles et de poupées, et regarde des films tels que Frances, Birdy et Pretty in Pink.. "Elle a vu l'histoire de Frances Farmer trente-deux fois, dit Harrison. Cela m'a inquiété. J'ai réalisé à quel point Courtney était profondément troublée."
Courtney va alors passer ses week-ends à San Francisco. Une fois, elle en revient "tellement défoncée qu'on a dû s'asseoir sur elle et lui donner du Valium," dit son père, qui sait comment faire "redescendre" ceux qui ont de mauvais trips sous acide. Son diagnostic est que Courtney avait pris un mélange d'héroïne et de fentanyl. "C'était vraiment grave. Elle me hurlait dessus et délirait complètement. Elle était psychosée."
Le temps passe. Courtney a eu vingt ans en 1984, et s'est liée d'amitié avec Jennifer Finch (L7) et Kat Bjelland (Babes in Toyland), des musiciens de Portland, dans l'Oregon. Ensemble, ils ont formé Sugar Baby Doll, avant de se fragmenter en trois groupes différents. Elle a fait des tournées à travers le pays, de Portland à Minneapolis, de Los Angeles à San Francisco. A Los Angeles, Courtney infiltre le milieu punk-rock : elle joue dans deux films d'Alex Cox, Sid et Nancy et Straight to Hell puis se marie avec l'animateur de Leaving Train, Falling James Morland. Ils vivent ensemble pendant huit mois, et se séparent le lendemain de leur mariage, en 1989.
"Je crois que le principal problème, c'est que j'étais chez SST Records, déclare Morland dans le magazine Nerve en 1993. Elle pensait que c'était une maison de disques trop petite pour son mari. Ce n'était pas très punk-rock de sa part, n'est-ce pas ?"
Harrison perd le contact avec sa fille unique en 1987. La brouille, d'après lui, se fonde sur une histoire d'héroïne. "Elle m'a téléphoné le jour de son anniversaire pour réclamer de l'argent, dit-il. J'ai dit pourquoi ne fais-tu pas un saut jusqu'ici ? Je te donne un billet, on s'asseoit, et on bavarde ; si tu préfères, je fais un saut chez toi et je t'apporte un peu d'argent. Elle a dit qu'elle avait besoin que je lui envoie l'argent tout de suite. Elle était abrutie par la drogue. Je lui ai dit que l'héroïne n'était pas mon truc et que je ne voulait pas l'aider à s'en acheter. Elle a juré qu'elle ne me parlerait plus jamais et qu'elle me tuerait."
Durant les six années qui suivent, période pendant laquelle Courtney crée son propre groupe, Hole, rencontre Kurt Cobain, se marie avec lui, et donne naissance à leur fille, Harrison se tient en dehors du tableau. Il ne sait de sa fille que ce qu'il lit dans les magazines. Finalement, il revoit Courtney fin 1993 à San Francisco, lors d'un concert où se produisent les Lemonheads, Fugazi, et Hole.
Harrison se souvient : "J'ai téléphoné d'abord pour être sûr que c'était OK. Elle était contente de me voir, elle m'a serré bien fort dans ses bras. Elle voulait que je ne parle à personne, juste que je m'assoie, me taise et écoute le concert. J'ai pris une vodka et j'ai asssité au spectacle. J'étais impressionné par le groupe. J'étais complètement soufflé, vraiment. Le jour suivant, je l'ai rencontrée à l'hôtel. Courtney avait, et ça j'en suis absolument sûr parce que je l'ai vu de mes yeux, une liaison avec Evan Dando. Lui et Courtney dormaient dans le même lit. J'ai pensé que Kurt était très libéral ! Dando est venu à moi et m'a serré la main. Il avait lu l'un de mes livres.
Ensuite, pendant que nous étions dans la chambre, elle a téléphoné à Kurt. Elle a demandé à parler à M. Poupon. C'est comme ça que j'ai appris son surnom intime. Je ne l'avais jamais rencontré, mais j'étais dans la pièce pendant qu'elle lui parlait. C'est la fois où je me suis senti le plus proche de Kurt."
À la fin de son séjour, Harrison demande à Courtney s'il peut venir à Seattle et voir le bébé pour Noël. "Elle m'a donné deux adresses et deux numéros de téléphone qui se sont révélés faux. La seule raison pour laquelle elle est venue me trouver c'est qu'elle voulait que ses gardes du corps sachent qui j'étais, pour pouvoir s'occuper de moi à une date future. Elle est beaucoup plus subtile que moi. Je n'ai qu'aux alentours de 130 de Quotient Intellectuel, et une mémoire photographique, mais je ne suis qu'une sorte de hippie camé. Je n'ai pas l'esprit fourbe, ou un mauvais karma. Mais elle, elle est absolument et foutrement intelligente. Comme un chirurgien ou quelque chose de ce genre. Elle pense sur six ou sept niveaux à la fois, comme sa mère."
Par la suite Hank Harrison n'a plus de contacts avec sa fille. Mais il est persuadé que c'est elle qui le harcèle de menaces, d'appels téléphoniques interrompus dès qu'il décroche le combiné, et d'étranges silences au téléphone. En octobre dernier, deux hommes essayent de l'agresser. "Un des types a mis ses mains sur moi et a commencé à me bousculer, dit-il. J'ai laissé les chiens sortir de la voiture, ils les ont chassés et se sont enfuis. Je ne sais pas si cela a quelque chose à voir avec Courtney ou pas, mais j'ai entendu dire que ma fille a passé un contrat sur moi."
Divagations d'un paranoïaque ou pressentiments morbides d'un chercheur de vérité ? Nul ne le sait... "Je n'essaye pas de faire mettre ma fille en prison, explique Harrison. C'est juste que je me suis trouvé au centre d'un tissu d'événements étranges, qui ont affecté ma vie. C'est tout à fait comme si votre enfant rentrait à la maison avec les plans de la bombe atomique dans son cartable, et que vous vous demandiez : putain, où est-ce qu'il les a eus ? Ma fille est rentrée à la maison avec un mari mort et je veux savoir ce qui s'est passé, merde !"
LA MACHINE À RÊVER
Aucun auteur américain vivant n'a plus influencé les paroles des chansons dans l'univers du rock'n'roll que William Burroughs. Certains ont affirmé que le grand écrivain avait eu une influence sur la mort de Cobain.
Ces charges sont fondées sur le fait que, dans les derniers mois de sa vie, Kurt Cobain a acquis un engin appelé la Machine à Rêver, qui a été créé par l'ami et collaborateur de Burroughs, Brion Gysin. C'est Burroughs qui a rendu populaire la Machine à Rêver. La machine a été, affirment certains, l'instrument de la mort tragique de Kurt. Aujourd'hui, Courtney Love mesure la part de responsabilité de la Machine à Rêver : "Si Kurt, dit-elle, n'était pas rentré en contact avec les fabricants, il serait encore avec nous."
La Machine à Rêver consiste en un cylindre en carton percé de trous, relié à une platine de tourne-disques réglée sur la vitesse maximum. Au centre se trouve un globe lumineux de 100 watts. Quand on met en route la machine, le cylindre se met à tourner à 78 tours par minute. Les sujets s'assoient devant le cylindre et ferment les yeux. Les éclats de lumière qui passent à travers les trous viennent frapper les yeux. Si la personne est réceptive, l'effet peut aller très loin, surtout si l'on a pris un peu d'herbe et de rock bien chauds. Cela peut créer une sensation onirique, une migraine ou même une crise d'épilepsie.
Burroughs a dit une fois, à propos de la Machine à Rêver : "Les sujets disent voir des lumières éblouissantes, des couleurs et une brillance surnaturelles... des constructions géométriques élaborées et inextricables, surgies de mosaïques multidimensionnelles, de véritables boules de feu qui s'organisent en scènes puissamment dramatiques ou en rêves brillamment colorés."
Selon le Journal de la culture de la Côte Ouest, à San Francisco, Kurt aurait utilisé la machine une fois, pendant soixante-douze heures d'affilée.
Nous avons localisé David Woodard, l'homme d'affaires de San Francisco, qui fabrique et vend des répliques de la machine de Gysin et Burroughs pour cent quarante-cinq dollars. Dans une interview menée par Victor Bockris pour High Times, Woodard raconte que Cobain lui a téléphoné plus d'une vingtaine de fois en l'espace de six mois de 1993 à 1994, pour parler de sa vie et de la Machine à Rêver. "J'ai senti qu'il l'utilisait pendant de longues périodes, mais soixante-douze heures ? C'est ridicule."
Woordard a rencontré Cobain lors d'une soirée à Seattle, durant l'été 1993. Il préfère ne pas donner de détails sur les conditions dans lesquelles Kurt a acheté la machine.
Woodard admet que la Machine à Rêver a pu rendre plus complexes les problèmes de Cobain. "Si c'est le cas, dit-il, la machine l'a aidé a voir qu'il commençait à perdre sa gloire en tant que figure culturelle. Il s'est senti comme un Andy Wharol, un Richard Wagner et un Lucifer réunis en une seule personne. Sa situation très particulière l'incitait sans cesse au suicide."
"J'ai imaginé, poursuit Woodward, que le suicide lui a été évoqué par cette petite voix intérieure que la Machine à Rêver rend audible. Oui la Machine a sans doute joué un rôle."
Après le récit de Woodward, on croit voir Kurt Cobain dans une Machine à Rêver géante, en pleine transe, son corps passant à toute vitesse de la scintillante ligne d'horizon de Manhattan aux panoramas des neiges éternelles de l'Himalaya. Ses yeux turquoise sont grand ouverts. Il plane au dessus des nuages. Soudainement, il explose dans le bleu profond de l'espace.
La controverse à propos de l'effet produit sur Kurt par la Machine à Rêver est peut-être un écran de fumée qu'élèvent ceux qui veulent nous faire croire au suicide. Tom Grant qualifie cette histoire de "manoeuvre de diversion".
EN LIGNE :
UN USAGER D'INTERNET
Cher M. Grant,
Je suis récemment arrivé sur Internet, et je déambulais hier à la recherche de services consacrés à Nirvana quand j'ai trouvé votre rapport d'enquête. J'ai pensé que vous étiez juste un illuminé essayant d'avoir ses quinze minutes de gloire. Maintenant que j'en sais davantage sur cette affaire, je crois que je me trompais. Vous cherchez vraiment à connaître les raisons de la mort de Kurt. Je voulais juste vous faire savoir que moi, ainsi que bien d'autres gens que la mort de Kurt a blessés jusqu'à l'âme, nous vous soutenons à 100 %...
J'ai lutté contre la dépression et l'aliénation toute ma vie. Nirvana était comme un radeau pour moi. Je savais que quelqu'un, quelque part, était passé par les mêmes tourments, et avait gagné sa bataille. Mais après la mort de Kurt, j'ai pensé sérieusement au suicide pendant un moment. Il semblait être le type le plus obstiné du monde : si le monde avait fini par vaincre quelqu'un d'aussi talentueux, quelle chance avais-je de m'en sortir ?
Maintenant je sais, comme je l'avais toujours senti, qu'il n'a pas laissé tomber. Le monde était simplement trop impatient de le cataloguer juste comme un nouveau connard de camé qui s'est foutu en l'air. Cela convient parfaitement au scénario.
Il est évident que la police de Seattle l'a fait, les médias l'ont fait, la société, d'une manière générale, l'a fait. Ils ont cru ce qu'ils ont voulu croire. Quant à Courtney, elle n'était rien avant Kurt et elle savait qu'elle ne serait plus rien sans lui. Son refus de laisser l'âme de Kurt en paix montre que sa carrière compte plus que son deuil.
Je suis désolé si cette lettre est un peu longue et incohérente, mais je voulais juste vous faire savoir comment je me sens, et d'autres avec moi. J'espère que les forces qui essayent de vous abattre n'y parviendront pas.
Bonne chance,
G. C.