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Catégorie : Interviews

Bienvenu dans mon univers... NIRVANA
VIP-Blog de univers-nirvana
  • 5 articles publiés dans cette catégorie
  • 17 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 13/08/2006 16:49
    Modifié : 20/02/2007 09:52

    Fille (15 ans)
    Origine : Planete Nirvana
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    [ News ] [ Albums ] [ Chansons ] [ Membres ] [ Suicide ] [ Kurt ] [ Interviews ]

    INTERVIEW 1

    20/08/2006 09:38

    INTERVIEW 1


     

    Interview d'août 1991

    Interview remontant à août 1991 et enregistrée en Irlande alors que Nirvana s'échauffait avant de s'offrir sa première apparition au Festival de Reading (en ouverture de Sonic Youth).




    Que signifie cette carte de crédit au nom de "Nirvana Inc." ? Êtes vous devenus des punks corporatistes ?

    Chris : En fait non, on n'a pas un rond... on a tout claqué dans l'album.

    Kurt : 33% aux impôts, 15 à notre manager, 10 à notre avocat, 10 à notre comptable... On a filé à Sub Pop un bon paquet de tunes.

    Chris : On a engagé un manager et tout est parti de là. Il s'est avéré qu'il manageait Sonic Youth et que ce groupe était justement signé sur Geffen. Mais on aime bien Geffen. De toutes ces major companies de merde, c'est la moins merdique. Maintenant, ces putains de Stones Roses vont signer aussi et ils vont rafler un max de blé au passage. Ces types-là vont plumer Geffen. Mais, tu sais, les gens pensent que c'est pareil pour nous et qu'on a des millions de dollars à la banque. Or, c'est faux, on n'a même pas obtenu le quart de ce que Geffen leur a proposé. On n'en a eu qu'un dixième, un putain de dixième.

    La rupture avec Sub Pop s'est-elle déroulée de manière amicale ?

    Chris : Ouais, tout va bien entre nous maintenant.

    Kurt : Merde, on les hait comme la peste! Quand on se parle, c'est toujours par lettre piégées interposées ou par invectives au téléphone. On déboule chez Sub Pop tous les mois et on va pisser sur leur tas de CDs. Quant à Bruce et son acolyte, ils débarquent à Olympia et ils me coursent dans les rues. (Rires) Non, on taille le bout de gras quand on se voit. La seule chose que Bruce et Jon cherchaient à faire en montant Sub Pop était d'aider certains amis à sortir des disques. Puis, soudainement, l'affaire a pris une ampleur démesurée et tout le monde a cédé à la panique devant la menace des major companies. Nous, ça faisait un an qu'on voulait quitter Sub Pop. Et si on avait signé avec n'importe quel autre label indépendant, on n'aurait pas pu racheter notre contrat à Sub Pop. On voulait que nos disques soient dans les bacs, en fait. C'était ça notre principale motivation. Sub Pop ne nous payait pas, la comptabilité était plutôt foireuse, mais c'était surtout parce que les kids n'arrêtaient pas de venir nous voir après les concerts en nous disant qu'ils n'arrivaient pas à trouver notre disque. Mais bon, Bruce et Jon gèrent leur label bien mieux que je n'aurais pu le faire, je n'ai donc pas de raison de me plaindre.

    Chris : Oui, mais ce n'est pas ton boulot de gérer un label. Nous, on leur fournit de la musique, et après c'est à eux de la vendre.

    Kurt : Et ils nous ont fait une bonne promo.

    Chris : Non, pas du tout, ils ont seulement eu de la chance. Enfin, de toute façon, on bosse avec une autre boîte, aujourd'hui. Et j'ai dit "avec", pas "pour".

    Croyez-vous être suffisamment motivés pour réussir dans ce business de fous ?

    Chris : Oh oui - on est des yuppies-rockers, on est attirés par les hauteurs.

    Kurt : Moi, je suis narcoleptique, donc j'ai un peu de mal à être motivé par quoi que ce soit.

    Chris : Disons qu'on est suffisamment motivés pour engager un manager. Il se motivera à notre place. Nous on s'en fout, on se contente de répéter et de tourner.

    Kurt : Et ce n'est pas parce qu'on est absolument réfractaires à l'idée de faire carrière, c'est juste qu'on n'a pas la patience de s'occuper des problèmes de management ou de gestion. Ca ne m'intéresse pas assez pour m'inciter à m'en charger. Avant j'oubliais toujours tout quand des gens appelaient chez moi pour booker un concert. Je m'en foutais complètement. La communication au sein du groupe était loin d'être optimale - "Oooh, j'ai complètement omis de vous prévenir que...".

    Les fondamentalistes du punk sont d'ores et déjà en train d'aiguiser leurs couteaux avant même que votre nouvel album ne soit sorti - et sans savoir à quoi il ressemblera. En tant que punks fondamentalistes vous-mêmes, dans une certaine mesure, qu'en pensez-vous ?

    Kurt : Je crois que ce sera un joli conglomérat de bruit accessible et diffusable en radio qui rappellera néanmoins aussi bien ce qu'on faisait sur Bleach que la façon dont on sonne en concert. C'est toujours heavy. Les compos sont légèrement différentes, mais deux années se sont écoulées depuis Bleach et il est donc naturel que nous ayons progressé. Dans pratiquement toutes les interviews que nous avons données depuis deux ans, nous avons prévenu à peu près tout le monde que nous allions écrire plus de morceaux pop - je pense donc que personne ne sera surpris en les entendant.

    Dans ton esprit, "pop" n'est pas un terme péjoratif ?

    Kurt : Péjoratif? Non, certainement pas. Mes morceaux favoris sont tous pop. Les Butthole Surfers avaient des titres pop. "Pop" signifie juste "simple", et c'est ce que le punk-rock a toujours été avant de se changer en hardcore.

    Chris : Regarde les Sex Pistols - sur Nevermind The Bollocks, il n'y a que des morceaux pop. Ce disque est géant. Et les Clash aussi était un groupe pop.

    Kurt : Pour moi, le meilleur album des Clash, c'est Combat Rock. Putain, qu'est-ce que je peux aimer ce disque! Il est largement mieux que Sandinista.

    Et les Clash ont fini par être numéro un des charts avec "Should I Stay Or Should I Go?" !

    Kurt : Oh mon Dieu!

    Chris : Comment est-ce arrivé?

    Ils l'ont utilisé sur une pub pour les jeans Levi's.

    Kurt : Et voilà, les Clash se sont vendus dix ans après avoir splitté! Enfin... les Ramones figurent bien sur une pub pour la bière Budweiser aux USA, eux.

    Alors pourquoi ne pas en faire une vous-mêmes?

    Kurt : Voyons ça... On accepterait uniquement d'en faire une pour les savons Dr Bronner ou les couches-culottes Depend.

    Chris : On voulait faire celle de Pepsi, mais MC Hammer nous a piqué le plan. Eh mec, pose-nous des questions sur notre superbe nouvel album...

    OK, parlez-nous de "Territorial Pissings"...

    Kurt : Je n'ai vraiment aucune explication à donner ce titre. La plupart du temps, quand j'ai écrit un morceau et qu'on me pose une question à son sujet, j'invente une explication sur-le-champ, parce que, bien souvent, j'écris les paroles d'une chanson en studio et que, ensuite, je n'ai pas la moindre idée de ce que j'ai voulu dire dans la moitié des textes.

    "Smells Like Teen Spirit" ?

    Kurt : Eh bien, ça parle de... eh, mon frère, ou plutôt ma soeur, jette le fruit et mange l'écorce...

    Chris : Waouh, je vois ça aussi comme ça.

    Kurt : Il n'est plus tabou aujourd'hui pour un garçon tatoué de se saisir de sa solidarité familiale et de l'enfoncer dans le cul de ces taches qui aiment les Byrds et Herman's Hermits et que l'on appelle des parents...

    Chris : C'est très beau, très cool.

    Kurt : Ou alors se transformer en ennemi pour infiltrer les mécaniques d'un système afin qu'il commence lentement à pourrir de l'intérieur.

    Chris : Celle-là non plus, elle n'est pas mal. Le morceau parle aussi de ça.
    Kurt : Oui, ou pas du tout (sourire sournois).


    Essayons encore - Pourquoi l'album s'intitule-t-il Nevermind ?

    Kurt : Parce que beaucoup de gens préféreront oublier ou se dire "never mind" ("peu importe") au lieu de prendre une bombe de peinture ou de fonder un groupe, histoire de se trouver une bonne excuse de ne pas en monter un. Je ne sais pas. On dirait que les gens ne font plus autant de choses qu'avant. Ca me perturbe un peu.

    Chris : A Los Angeles, il y a des graffitis partout et ce sont juste des gribouillages débiles. Les mecs marquent leur territoire en pissant dessus. Voilà ce que c'est, les "Territorial Pissings"... des mecs qui écrivent sur les murs.

    Kurt: C'est une excuse destinée à flatter leur ego. Ce serait tout aussi drôle de tagger "Tuez Georges Bush" sur tous les murs. Que ça ait un impact sur quoi que ce soit ou non n'a aucune espèce d'importance, ce qui est marrant, c'est de le faire. C'est ce que dit l'une des phrases de "Teen Spirit" : "It's fun to lose and to pretend" ("C'est drôle de perdre et de faire semblant").

    Et Nirvana, ce n'est pas une excuse pour ne rien faire d'autre ?

    Kurt : On fait déjà beaucoup de choses dans le groupe. Et même quand on n'est pas en groupe. Je suis un spécialiste du vandalisme. C'est probablement sans danger pour moi de raconter ça publiquement dans un magazine anglais, mais je préfère ne pas donner de détails.

    Chris : On a souvent parlé de lui dans les journaux locaux.

    Kurt : De nombreuses fois, oui. Et j'ai aussi été arrêté un bon nombre de fois.

    La subversion à petite échelle est donc quelque chose que tu affectionnes ?

    Kurt : Bien sûr. Enfin... je veux dire... je n'assassinerai jamais personne. Et pas seulement ça, je ne dirai jamais non plus à personne d'assassiner quelqu'un.

    Chris : Les gens méritent bien ça. Surtout aux USA. Ils sont tellement à côté de la plaque et tellement constipés qu'ils ont besoin d'être secoués un peu.

    Kurt : C'est juste un moyen amusant de passer le temps, en fait. En plus, ils n'ont rien d'autre à faire dans un petit bled, les flics.

    Pourquoi ne pas emménager dans une grande ville ?

    Kurt : Parce que dans un petit bled, ça a davantage d'impact sur les gens. Dans les grandes villes, c'est trop commun. Mon Dieu, les USA, c'est le pire endroit pour vivre auquel je puisse penser à l'exception des pays communistes! On vient de faire passer une loi qui impose à tout musicien souhaitant jouer aux USA d'adhérer au Syndicat des Musiciens et de prouver qu'il a "atteint l'excellence". Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, avoir "atteint l'excellence" ? Est-ce que ça veut dire que tu as gagné tant de millions de dollars, que tu es placé dans les charts ou que tu ne vas pas piquer du travail aux Américains ?

    Chris : Le mainstream se nourrit avec de la merde et c'est un cercle vicieux. Ils font des sondages démographiques pour savoir ce que veulent les gens, mais ils veulent de la merde, alors on leur en file. Les gens ne peuvent entendre que de la merde et ils ne s'intéressent donc jamais aux nouvelles tendances. Ils sont vraiment futés au gouvernement, ces fascistes. Ils ne sont pas cons. Ils ne veulent pas que des groupes punks ramènent leur fraise et attirent les mômes alors qu'ils pourraient écouter Paula Abdul leur parler de coeurs brisés.

    N'est-il pas remarquable de voir que MTV présente Guns N' Roses comme un niveau acceptable de rébellion ?

    Kurt : Absolument. Je suis sûr que, dès que les Guns N' Roses sont devenus énormes, le gouvernement s'est empressé de se renseigner sur eux et s'est rapidement aperçu qu'ils n'avaient pas assez de cervelle pour représenter une menace envers quiconque.

    Chris : Qu'est-ce qu'Axl Rose a à dire? Quel est son programme électoral ? De quelle substance est-il? D'où sort-il? Il n'y a rien derrière, il ne raconte que des conneries et il n'est bon qu'à... balancer des bouteilles!

    Kurt : Pour être honnête envers toi, je dois dire que j'ai entendu parler de ce problème de visas sur MTV, justement, crois-le ou non, pendant les flashes d'actualités. Parce que MTV essaie vraiment d'être aussi subversif que possible, aussi subversif qu'on l'autorise à être, spécialement pendant les flashes. Ils parlent sans arrêt des droits qu'on est en train d'ôter aux Américains. Mais tout le monde s'en branle, ce qu'ils veulent c'est regarder cette putain de nouvelle vidéo de Warrant!

    Si Nirvana passait sur MTV, considéreriez-vous cela comme une sorte victoire ?

    Kurt : C'en serait une en ce sens que, même si, personnellement, je m'en fous pas mal qu'on passe sur MTV ou pas, ça permettrait sans doute à quelques mômes facilement influençables d'une quinzaine d'années d'apprendre que nous existons et peut-être de les orienter dans une meilleure direction que celle qu'ils auraient suivie. Ca n'a jamais été notre but de passer sur MTV, on a toujours été totalement anti-MTV. Mais maintenant qu'on en a l'opportunité sans doute saisirons-nous cette chance. Ca n'a rien à voir avec une quelconque volonté de notre part de devenir plus populaires, on veut juste que les kids puissent nous écouter et décider par eux-mêmes s'ils veulent de nous. Pourquoi Black Flag n'a-t-il jamais été numéro un ? Si l'industrie musicale avait réellement le pouvoir que lui prête le milieu underground, les dessous de table, les liens avec la Mafia... alors rien ne l'empêcherait de faire exploser ou de détruire n'importe quel groupe, aussi médiocre ou aussi dérangeant soit-il. Ca lui serait aussi facile de prendre une vieille pute comme (Kurt cite le nom d'une chanteuse pop, qui pour des raisons légales, ne peut pas être diffusé ici) qui ne sait pas chanter et ne chante d'ailleurs pas sur ses albums, que de prendre Black Flag et de le promouvoir de la même façon. Je dirais que quatre-vingts pour cent des gens n'aiment pas réellement la musique, alors pourquoi tenter de leur faire plaisir d'une manière ou d'une autre ? Ils ne sont pas foutus de distinguer un bon morceau d'un mauvais, ni de reconnaître un titre pompé ou samplé. Alors pourquoi Black Flag ou Sonic Youth ne peuvent-ils pas être numéro un ? Parce que les major compagnies n'ont pas tant de pouvoir que ça, quand il s'agit de faire ou de défaire un artiste. Et cela pourrait bien arriver à l'un de ces soi-disants groupes alternatifs qu'elles sont en train de signer. Je ne sais pas, tout va tellement lentement de nos jours... Jesus Jones est classé dans l'alternatif. Tous les groupes qui, au départ, étaient censés faire du punk-rock ont décroché leurs premiers hits quand ils se sont finalement décidés à écrire des morceaux véritablement accessibles. Si Blondie a percé, c'est grâce à "Heart Of Glass".

    Veux-tu dire que ce phénomène est négatif ?

    Kurt : Je ne crois pas que ce soit le cas si le groupe utilise deux ou trois morceaux diffusables en radio afin de séduire les auditeurs, mais tout en restant lui-même ou en les mélangeant avec ce qu'il faisait avant.

    Chris : En plus, "Heart Of Glass" est un bon morceau. De même que "Brass In Pocket".

    Kurt : Je suis tout à fait d'accord.

    Et c'est donc ce que Nirvana essaie de faire ?

    Kurt : Ce n'est pas ce qu'on essaie de faire, c'est ce qui est en train de se passer. Si on était sur K Records, on aurait quand même sorti cet album... à condition d'avoir eu suffisamment d'argent pour l'enregistrer. On ne s'est jamais dit qu'il allait falloir qu'on écrive quelques titres pop radiodiffusables et continuer à en écrire d'autres sonnant comme ceux de Bleach de façon à garder notre public tout en passant sur MTV...

    Chris : Si tu fais des manigances, ça se voit. Et il n'y a rien de pire que de se faire baiser par des gens qu'on respectait.

    Kurt : Mais, dans le même temps, si on se sentait l'envie de faire un album de disco, ce ne sont pas leurs réactions qui nous empêcheraient de le faire.

    Tous les grands groupes pop finissent par faire des albums disco. Ne pensez-vous pas, justement, qu'à ce stade de votre carrière beaucoup de gens ne réalisent pas ou peut-être, dans le cas de vos fans, se refusent à accepter que Nirvana est à la base d'un groupe pop ?

    Kurt : S'il faut absolument qu'on soit quelque chose, on n'est rien de plus qu'un groupe de plagieurs professionnels. On peut jouer quasiment de tout, à part du metal funk blanc... on n'est pas assez bon musicien, Dieu merci! Mais la seule chose qui fasse probablement qu'on est uniques, c'est qu'on est capables de jouer des morceaux très calmes, puis d'autres très heavy, et de mélanger le tout. Ca a déjà été fait avant, mais pas très souvent. Je ne sais pas... je suis trop pointilleux, je repère constamment des riffs pompés et des influences un peu trop visibles. Je pourrais faire une compilation de petits bouts de nos morceaux qui appartiennent à d'autres morceaux, et tout le monde serait surpris en découvrant certains d'entre eux.

    Qu'est-ce qui vous importe le plus dans le groupe ?

    Kurt : Nos chansons. Elles nous rendent heureux. Je veux dire... je pourrais vivre avec ou sans n'importe quoi. Je me suis construit suffisamment de lignes de défense pour être capable de tout supporter. Donc si demain on devait splitter, ça m'attristerait, mais je monterais un autre groupe ou je ferais autre chose. On a tous des amis.

    Les gens prennent-ils le rock'n'roll trop au sérieux ?

    Kurt : Beaucoup trop sérieusement! Ils en attendent tellement de choses. Ils escomptent qu'il sera utilisé comme outil politique, alors qu'il ne devrait être rien de plus qu'un fond sonore.

    Veux-tu dire que tu ne lui a jamais accordé beaucoup d'importance ?

    Kurt : Non, la musique a complètement changé ma vie. Le punk rock m'a fait prendre conscience de tant de trucs que j'ai du mal à y croire. Il m'a finalement rappelé que j'avais une identité propre. Il a bouleversé ma vie dès que je l'ai découvert et il est essentiel à mes yeux. Mais les gens lui accordent une importance démesurée.

    Peux-tu imaginer ce que tu aurais fait si tu étais passé à côté ?

    Kurt : Je serais plus dépressif. Mais j'aurais fait quelque chose. Je me serais retrouvé dans un garage à bosser sur des bagnoles, ça, je le sais.

    Chris : Ce qui est cool avec la musique, c'est qu'elle a de multiples facettes. Tu peux écouter un morceau de Shonen Knife qui parle de barres chocolatées...

    Kurt : ...Ou en écouter un de Fugazi et y prendre autant de plaisir.

    Chris : Ils sont aussi importants l'un que l'autre - l'évasion est le message.

    Où croyez-vous que se situe Nirvana dans le spectre ?

    Kurt : A peu près au milieu, ou alors sur la gauche, ou sur la droite. Oui, non, c'est peut-être ainsi. Probablement du côté de Shonen Knife. Je pense qu'on est un bon exemple prouvant qu'on peut à la fois être idiot et rester tout de même très conscient.

    Chris : C'est exactement nous. Les gens sont stupides, tout est stupide, c'est juste une façon de se protéger. Quand la guerre du Golfe a éclaté, ça m'a mis hors de moi. Ca m'a tellement halluciné et énervé de voir à quel point tout ça était faux - c'était un putain tissu de mensonges. Je gonflais tout le monde parce que je ne parlais que de ça. C'était comme une valve qui me permettait d'évacuer la pression. La meilleure chose que j'aie à faire, c'est de vivre ma vie du mieux que je peux. Je crois que je vais me faire vasectomiser, de façon à n'être plus responsable que de moi-même.

    Kurt : Mais tu serais probablement un bon père et tes enfants pourraient contribuer à améliorer la situation.

    Chris : Oui, mais il y a aussi le problème de la surpopulation. Si je voulais être père, j'adopterais sans doute un enfant du Tiers-Monde et lui donnerais une vie décente, au lieu de laisser déambuler le fruit de mon propre sperme. Ce serait cool d'avoir un enfant que ma femme et moi-même aurions créé, ce serait impecable, mais, dans ce monde qui sera le nôtre d'ici cinquante ans, il y aura beaucoup trop de gens, mec. Alors dites bien à vos femmes ou à vos copines de se laver avec les savons Dr Bonner... (Chris se lance dans une suite inintelligible de babillages) Et qu'est-ce que tu feras plus tard ? Tu joueras dans un groupe ? Tu écriras dans un magazine ?

    Euh... oui. Ou peut-être quelque chose d'encore plus gratifiant ?

    Chris : Ouais! Enfin, non!!! Que vas-tu faire ? Travailler dans une station-service et t'acheter une voiture ? C'est ça la vie ? Se payer une caisse et un robot Moulinex ? Tire ta flemme, sois relax, mec. Tu vois ce que je veux dire ? Tout ce que tu as vraiment à faire, c'est manger, boire et être joyeux. Et quoiqu'il advienne, garde toujours une bonne attitude, mon frère, même quand tu as la tête dans le caniveau.

    C'est donc ça le message de Nirvana - les gens ne doivent pas se tromper de priorités ?

    Chris : Tout à fait.

    Kurt : J'ai demandé à Brianne, ma petite soeur de quatre ans, quel était le plus grave problème dans le monde. Et elle m'a répondu que les gens devraient se concentrer davantage. C'était époustouflant. Elle va grandir et devenir quelqu'un d'important... et elle ne sera pas Présidente. (Rires) Je pense qu'on perd un peu son temps en dénigrant l'ogre corporatiste, il faut l'utiliser et le violer tout comme il te viole toi.

    Super, tout un monde de violeurs!

    Kurt : Au moins, on a le mérite de se battre. Je ne crois pas qu'il faille écarter des options pour que ton propre univers ait l'air plus important. (Longue pause, puis un sourire) Et je crois que "empathie" est un joli mot.






    INTERVIEW 2

    20/08/2006 09:48

    INTERVIEW 2


    Interview datant de Décembre 91...

    Où en êtes-vous dans la tournée?

    Kurt : On tourne pendant une semaine. Puis on a une semaine off avant de remettre ça. Une semaine avec les Red Hot, trois semaines off, puis la tournée du Japon et de l'Australie. La tournée sera finie à la fin de l'année.

    Et le stress du au succès; le fait d'avoir vendu tant d'albums en si peu de temps doit faire peser sur vos épaules une pression considérable...

    Kurt : Vous savez, ça n'est pas notre but. Continuer à vendre des disques... Ce qu'on veut, c'est continuer à nous amuser et à nous apprécier les uns les autres. On espère pouvoir écrire de la bonne musique avant que ça nous tape sur les nerfs. Si le moindre truc menace cet équilibre, on arrête immédiatement. En tout cas, c'est mon avis. On peut également arrêter le groupe un certain temps. Cette option est heureusement envisageable.

    Vous vous attendiez à ce que ce succès soit aussi massif et aussi immédiat?

    Kurt : Absolument pas. Il faudrait vraiment que je sois très prétentieux pour vous dire que je prévoyais ça. Je me rappelle m'être baladé dans le bureau de notre avocat et d'avoir vu au mur un disque d'or de Poison. Je me souviens très bien m'être dit : "Il n'y a absolument, mais alors absolument aucune chance, et aucune raison, qu'un groupe comme le nôtre puisse avoir du succès dans le Mainstream". Ca a été plus qu'une surprise...

    Ce succès vous a effrayé?

    Kurt : Je ne suis pas effrayé par ça. C'est juste que... j'ai peur - en ce qui me concerne - que ce succès puisse faire en sorte que toute cette entreprise ne soit plus drôle. Que ça devienne impersonnel. En ce moment, on prend encore du plaisir. Mais qui sait?

    On vous compare systématiquement à Husker Du. C'est une insulte, un compliment, ou ça vous agace, tout simplement?

    Kurt : Comment pourrais-je prendre ça pour une insulte? Au contraire, c'est extrêmement flatteur d'être comparé à Husker Du. C'était un groupe fantastique.

    Ont-ils été l'un des groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique?

    Kurt : Je ne peux pas vraiment dire ça. Parce que même si j'ai toujours été un fan du groupe, dans le même temps, je faisais déjà ce genre de musique avant même d'avoir entendu le moindre morceau d'Husker Du. C'est évident que nous sonnons comme eux. Mais nous sommes un groupe où les guitares sont prédominantes, un trio, et nous utilisons énormément de distortions, tout en gardant de vraies mélodies.

    Le point commun, entre le groupe de Bob Mould et vous, était peut-être la colère omniprésente...

    Kurt : Bien sûr. Nous faisons du punk-rock. C'est une histoire de frustration. Heureusement, il y a un public pour ça.

    Vu d'Europe, on a vu depuis Husker de nombreux groupes, tous différents mais finalement assez similaires, depuis Band Of Susans ou Sonic Youth jusqu'à Nirvana, en passant par les Throwing Muses, les Pixies, Mudhoney ou Dinosaur Jr. Ici, on a un peu tendance à vous mettre dans le même sac : le rock indé américain. Avez-vous l'impression de faire partie d'une même famille?

    Kurt : Bien sûr. On a tous un truc en commun : l'amour de l'underground. Je ne sais pas vraiment, parce que je ne peux pas parler pour les autres, mais je vois les mêmes intérêts. J'ai énormément de respect pour les groupes que vous venez de citer. Il y a définitivement un sens de la communauté.

    Ca a été difficile pour vous de signer sur une major?

    Kurt : Absolument. C'est une décision effrayante... J'avais vu des groupes indés partis sur des majors se retrouver dans des situations épouvantables. Je crois qu'on a choisi le bon. Notre premier soucis était d'employer un excellent avocat qui puisse nous négocier un bon contrat nous permettant de continuer à faire ce qu'on veut. Nous avons également la chance de savoir exactement ce que l'on veut. Ca peut sonner très business, mais ce sont des choses que vous devez faire si vous vous retrouvez dans une situation où vous avez à faire à des gens dont le seul but est de vendre des disques. Notre avocat a fait un excellent travail. Nous avons une liberté artistique à 100%. Nous avons le droit de décider de la durée de nos tournées, ainsi que des gens qui tournent avec nous, des interviews que nous donnons, des chansons que nous enregistrons, la façon dont elles sont enregistrées et les gens avec qui nous les enregistrons, ainsi que les pochettes de nos disques. Liberté artistique totale!

    J Mascis de Dinosaur Jr, lorsqu'on lui a demandé s'il avait l'impression d'avoir vendu son âme au diable en quittant SST pour Blanco Y Negra, donc Warner, il nous a répondu qu'il avait plutôt l'impression d'avoir réussi à échapper au diable!

    Kurt : Il existe un bon nombre de labels indépendants complètements nuls, qui n'ont absolument aucune idée de la façon dont on gère un business. Que vous le croyiez ou non, c'est un business. Les gens doivent le comprendre. Comprendre qu'il faut payer les groupes. D'après ce que J m'a dit, SST n'a jamais payé Dinosaur Jr. Au moins sur une major, vous êtes garantis d'être payés ce qui était convenu. Nous, on a de la chance, parce que Geffen a compris comment envisager notre promotion. Ce qui est assez inhabituel pour une major dans la mesure où ils sont plus habitués à promouvoir Paula Abdul ou Vanilla Ice.

    Ca représente quelque chose pour vous, le fait de venir de Seattle? Avez-vous l'impression qu'il y existe réellement une identité musicale?

    Kurt : Pas vraiment, vu que je n'y ai jamais vraiment habité. Je suis toujours resté entre cinquante et cent-cinquante kilomètres aux environs. Mais je suis très fier d'avoir été sur le même label que Tad et Mudhoney. C'est pas vraiment honteux, même si certaines personnes pensent que nous devrions en avoir honte. Il y a eu une telle hype à propos de Sub Pop et la scène de Seattle. On dirait que le label a été plus important que les groupes. Ce qui est faux. Sub Pop n'a pas eu grand-chose à voir avec la façon dont les groupes se sont faits remarquer, ou même leur direction artistique.

    Vous écoutez des genres de musique différents, comme le jazz, le classique ou la musique traditionnelle?

    Kurt : Il y a différentes formes de musique qui m'inspirent le respect, que j'aime. Mais je ne peux pas prétendre honnêtement que je suis dedans. J'aime le reggae, mais je n'ai pas un seul disque de reggae. C'est pareil pour le classique. En ce qui concerne le jazz, ça me tape sur les nerfs. Je n'ai pas la patience pour ça. Les gens qui s'excitent sur leurs instruments... Mais sinon, j'adore le folk, la country et le blues. Des trucs complètement différents. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne suis pas bloqué dans la fuzz et la distortion. J'adore les Half Japanese, Young Marble Giants, les Raincoats. Des groupes qui ne sont pas considérés comme punks parce qu'ils ne sont ni violents, ni agressifs. Même si, pour moi, ils sont finalement plus punks que les plus bruyants.

    Comment avez-vous eu l'idée de la géniale pochette de Nevermind?

    Kurt : Dave et moi étions dans notre appartement et nous regardions un documentaire à la télé sur les bébés qui naissent dans l'eau. L'image était bien. Mais le billet encore mieux.

    Votre amour de la guitare vous a-t-il transformé en "guitar addict" ?

    Kurt : Pas vraiment... Il y a juste certaines guitares que j'aime plus que d'autres. J'adore vraiment les Mustangs Fender, mais elles sont assez dures à trouver puisqu'on ne les fabrique plus. En fait, j'aime presque toutes les Fender. J'aime leur confort, leur petit manche, leur style, leur classe. Mais je ne les collectionne pas. J'en ai juste assez au cas où je devrais en casser une. Bref, j'utilise essentiellement une Mustang ou une Strato, avec une distortion Roland DS1 et une Electro Harmonix. Souvent, je modifie mes guitares et j'y mets un micro double-bobinage en aigu.

    Quelle impression cela vous fait-il de voir que des gens beaucoup plus âgés comme Iggy Pop ou Neil Young, vous adorent ou sont tout simplement influencés par vous?

    Kurt : Ca me flatte. J'ai plus de respect pour Iggy Pop que pour qui que ce soit dans ce milieu. Il est là depuis si longtemps. Il a réinventé la passion dans le rock'n'roll. Les albums des Stooges sont hallucinants. Pour moi, ce sont des trésors et ça n'est pas parce qu'il a vieilli qu'il a perdu quoi que ce soit.

    Et Neil Young, qui est peut-être l'artiste le plus âgé à être régulièrement cité par les groupes les plus jeunes...

    Kurt : J'ai énormément de respect pour lui, même si je ne pense pas être un vrai fan. Mais je l'aime beaucoup, ne serait-ce que parce qu'il n'a jamais fait aucun compromis, que son style a sans cesse évolué, pour finalement arriver à un son encore plus cru que celui qu'il avait à ses débuts. Sa carrière m'inspire.

    Aux Etats-Unis, comme ailleurs, le succès des groupes de métal, comme Guns N' Roses ou Metallica, est carrément stupéfiant. Qu'en pensez-vous?

    Kurt : Ils devraient être pendus par les couilles. On devrait tous les castrer.

    A les entendre, on dirait que c'est déjà fait...

    Kurt : C'est ça. Ils devraient se faire injecter du silicone dans la poitrine et aller chanter dans des clubs pornos au Japon tenus par la mafia locale! Mais bon, je ne déteste plus les Gunners. En tout cas pas plus que ceux qui leurs ressemblent. La seule raison pour laquelle je pourrais les détester, c'est leur espèce d'attitude sexiste. En ce qui concerne la musique, je n'en ai rien à foutre... je n'y pense même pas. Ils sont à peine mieux que Paula Abdul.

    Bien dormi?

    Dave : Putain oui!

    Vous aimeriez avoir un second guitariste?

    Kurt : Peut-être un jour, pour les albums à venir. On en a déjà eu un pendant un moment. Mais en fait, on s'est rendu compte qu'il n'aimait pas la même musique que nous, contrairement à ce qu'il nous avait affirmé quand il avait voulu rentrer dans le groupe.

    Dave : Je crois que le trio nous convient assez bien parce que nous avons tous les trois une conception assez minimaliste de la musique.

    Kurt : Chris et Dave aiment exactement la même musique et voient les choses de la même facon. C'est très important de jouer avec des gens qui pensent comme vous, avec qui vous pouvez être amis. En fait, ça devrait être la première condition.

    Certaines personnes pensent le contraire, et prétendent qu'il est nécessaire de confronter plusieurs personnalités, plusieurs goûts, que ça peut produire une alchimie unique.

    Kurt : Je pense que ces groupes n'ont pas d'identité. On a du mal à les reconnaître. J'ai du mal à imaginer un pareil groupe.

    Dave : Les Beatles! Les Stones! Les Who!

    Kurt : Peut-être mais les Stones, les Who et les Beatles aimaient tous le R & B!

    Dave : En supposant qu'on trouve un groupe où les gens sont vraiment différents...

    Kurt : Ca ne peut pas marcher.

    Dave : Nous n'avons jamais aucune engueulade en ce qui concerne la musique. On n'en parle même pas.

    Vous êtes surpris parfois par la musique que vous avez faite?

    Dave : Parfois.

    Kurt : On est surpris d'avoir fait ça sans la moindre engueulade. On voit tellement de groupes qui se prennent le chou. C'est une telle perte de temps.






    INTERVIEW 3

    20/08/2006 10:14

    INTERVIEW 3



    NIRVANA

    Rencontre avec Kurt Cobain


    Cette interview a été initialement réalisée par notre correspondant britannique, en août 92. NIRVANA était alors dans le tourbillon planétaire de "Nevermind" et de son hit imparable "Smells Like Teen Spirit".


    Quelles émotions ressentez-vous lors de vos concerts ?

    Dix minutes avant le concert, nous jetons un oeil à la set-list, puis nous montons sur scène pour nous donner à fond. Rien de plus. Une heure et quart sur scène, quoique nous fassions, est une grande délivrance. C'est une façon de prendre nos distances, car le reste du temps, nous sommes toujours sollicités pour quelque chose, pour rencontrer du monde. Cette heure et quart, c'est notre propre temps, et personne de peut s'y immiscer. Cela dit, les émotions que nous ressentons sur scène dépendent de la façon dont nous nous sentons quelques minutes auparavant, dans les loges... Si je suis fatigué, ça me réveille ; si je suis énervé, je me défoule sur ma guitare, j'éclate du matériel...


    Pourquoi éclater ta guitare sur la batterie précisément ?

    Parfois, c'est Dave qui prend la guitare et l'éclate dans sa batterie ! C'est pour se marrer. Nous n'essayons pas d'être THE WHO, de jouer les mauvais garçons du rock. Ce sont les gens qui essaient de nous étiqueter. C'est juste drôle d'éclater un truc qui coûte 1200 dollars.


    Les tournées, c'est un esprit particulier ?

    Oui, et la partie la plus désagréable, c'est que tu perds le fil des jours de la semaine. Pour moi, chaque nuit lors d'une tournée ressemble à un vendredi. Jusqu'à ce que quelqu'un te dise qu'on est en fait dimanche, et là tu penses : "Bon Dieu !". Pareil pour les villes que tu traverses : au bout d'un moment, elles finissent par toutes se ressembler.


    Avec le succès que vous avez rencontré, y a-t-il eu des pressions pour que vous vous installiez ailleurs qu'à Seattle ?

    Pas vraiment. Cela ne dépend que de nous. Je n'ai vraiment pas envie de bouger. Seattle est une ville sympa. Los Angeles, par exemple, est un trou à rats. Je ne dis pas ça à cause du business, mais à cause du comportement des gens, des embouteillages et de la pollution. Le sud de la Californie, c'était peut-être le paradis il y a 150 ans, mais c'est une plaque de béton maintenant.


    Les pièges de la célébrité sont difficile à éviter. Vous avez une quelconque idée de la façon de vous protéger ?

    Nous sommes arrivés à un niveau que nous n'imaginions pas ; alors, ce n'est pas un problème. Nous ne nous sommes jamais battus pour atteindre un quelconque but, et nous n'en avons toujours pas. Moins tu te fixes d'ojectifs, moins tu risques d'être déçu. Nous sommes contents de ce qui nous arrive, mais nous étions déjà vachement bien il y a 6 mois ! C'est un grand changement sans en être un. Nous faisons la même chose qu'il y a un an, mais plus de gens nous connaissent.


    Vous vous interrogez parfois sur ce qui a fait l'étincelle dans votre succès ?

    Non, nous n'analysons pas. Nous nous contentons de jouer. Pourquoi devrait-on analyser quelque chose, quand des milliers de journalistes sont payés pour le faire ? Nous vous laissons travailler !


    Penses-tu que NIRVANA va faire le ménage dans le rock ? Est-ce important à vos yeux ou est-ce une préoccupation propre aux médias ?

    C'est déterminant pour nous. J'essayais récemment de me souvenir quel était le dernier groupe honnête de rock'n'roll qui m'ait marqué, et je ne pouvais pas en trouver un. Avec NIRVANA qui entre dans le top ten, cela ouvrira des portes à des groupes qui nous suivront. Peut-être que les gens réaliseront à quel point GUNS N' ROSES c'est de la merde. Juste un prétexte trouvé par un petit pervers sexiste et névrosé pour se faire de l'argent rapidement. Et la musique ce n'est pas ça. Si les gens veulent en écouter de la bonne, ce n'est pas en continuant d'acheter les albums de POISON qu'ils y arriveront, n'est-ce pas ?


    "Smells Like Teen Spirit" était-il suposé devenir un hymne ?

    Non, pour nous, ce n'est qu'une chanson parmi d'autres. Nous avons fait tounrer le riff, puis j'ai écrit les paroles. Les gens s'imaginent que nous avons écrit la chansons de le révolte adolescente en 1991 ! Si ça inspire, très bien. Nous en avons plus que marre de l'attitude américaine passive, mais ce n'est pas notre rôle de dire aux gens ce qu'ils doivent penser ou faire de leurs vies.


    Certaines de vos chansons sont ambiguës...

    Peut-être, mais nous ne voulons pas les expliquer. Les paroles pourraient avoir une signification visible alors qu'elles n'en ont pas. Chris et Dave savent en général de quoi traitent les paroles, mais même eux ont leur interprétation. A l'auditeur de se faire une opinion. Nous ne sommes qu'un groupe punk. Comme trois kids faisant du bruit.






    INTERVIEW 4

    20/08/2006 10:20

    INTERVIEW 4


     

    - Vous êtes dans cette chambre d'hôtel. En sortez-vous parfois ?

    - Oui. Un soir on est sorti pour faire des achats dans un magasin de seconde main, et on a acheté des pulls pelucheux et des fringues grunge.

    - Est-ce que ça vous amuse de voir les gens décortiquer vos chansons pour tenter de comprendre ce que vous voulez dire ?

    - Oh oui. À l'époque où j'écrivais ces chansons, je ne savais pas trop ce que je voulais dire. Je serais incapable de les analyser ou de vous les expliquer. Or, la question qui revenait le plus souvent dans mes interviews était : "De quoi parlent-donc vos textes ? " (rires).
    On ne peut pas dire que je me sois montré très prolifique cette année. Il y a quelques mois, avant de partir en tournée en Europe, j'ai pris mes deux guitares préférées, tous mes recueils de poèmes, tous mes écrits et deux cassettes où j'avais enregistré des airs que je comptais utiliser dans mon prochain disque. J'ai rangé toutes ces choses importantes à l'abri, dans notre douche, parce qu'on ne s'en sert jamais. Mais les locataires du dessus ont eu une inondation, et à mon retour, tout avait disparu. Je n'ai plus rien sur quoi travailler, c'est plutôt effrayant.

    - J'ai vu la note que vous avez rédigée dans Incesticide. Je n'ai jamais vu personne, dans une maison de disques importante, dire "Si vos êtes raciste, sexiste, homophobe, nous ne voulons pas que vous achetiez nos albums."

    - C'est mon plus gros problème depuis que je suis dans ce groupe. Je sais que dans le public, il y a des gens comme ça, et je ne peux pas y faire grand chose. Je peux parler de ces sujets lors d'interviews - je crois que c'est assez clair pour tout le monde que nous sommes contre les homophobes, les sexistes et les racistes, mais lorsque Teen Spirit est sorti, les gens ont cru que étions comme Guns N' Roses.
    Ensuite, nos positions sont devenues plus claires grâce aux interviews. Et puis Chris et moi, on s'est embrassé à Saturday Night Live. Nous ne voulions pas être subversifs, ni punk ; nous faisions simplement quelque chose de parfaitement stupide et spontané. Maintenant que ce que nous pensons est connu de tous, beaucoup de gosses vont regretter d'avoir acheté nos albums. (Rires)

    - Y aurait-il quelque chose que vous aimiez dans la musique de Guns 'N Roses ?

    Franchement, je n'arrive pas à trouver. Je ne vais quand même pas perdre mon temps sur ce groupe, manifestement pathétique et dénué de tout talent. Avant, je croyais que tous les groupes pop à la mode étaient à chier, mais maintenant que des avant-gardistes ont signé des contrats avec de grandes maisons de disques, l'existence de Guns 'N Roses est une insulte bien pire. Je peux approfondir : ce sont des gars sans la moindre parcelle de talent, ils écrivent de la musique de merde et, pour l'heure, c'est le groupe de rock le plus populaire de la Terre. Je n'arrive pas à y croire !

    - Est-il vrai que Axl Rose vous a dit quelque chose de particulièrement désagréable le soir de la remise des MTV Music Awards en septembre ?

    - En réalité, ils voulaient nous démolir le portrait. Courtney, le bébé et moi étions dans le coin salle à manger des coulisses, et Axl est passé devant nous. Courtney a crié : "Axl ! Axl ! Viens par ici ! " Nous voulions simplement le saluer, on pense que c'est un tocard, mais on avait envie de lui parler quand même. Je lui ai dit : "Veux-tu être le parrain de notre fille ? " Je ne sais pas ce qui l'avait mis en colère avant de nous voir, mais il s'est défoulé sur nous. Il s'est mis à hurler : "Fais taire ta salope, ou je te casse la gueule !" Autour de nous, tout le monde riait aux larmes. Courtney n'avait vraiment rien dit de mal. Je me suis tourné vers elle et je lui ai dit : "Ferme-la, salope !" Tout le monde se marrait et il est parti. Je suppose que j'avais fait ce qu'il voulait que je fasse - me comporter en homme !

    - Est-ce qu'il vous rappelle vos camarades d'école ?

    - Tout à fait. Des gars vraiment bousillés, embrouillés. Il n'y a pas d'espoir pour des types comme ça.

    - Vous provoquiez les gens, au lycée, n'est-ce pas ?

    - Oh, absolument. Je faisais semblant d'être homosexuel pour me foutre des gens. On pensait que j'étais gay depuis l'âge de quatorze ans. C'était sympa parce que j'ai réussi à me faire deux copains, gays eux aussi, à Aberdeen - ce qui est normalement impensable dans ville pareille ! Je me suis fait de très bons copains avec cette image. Bien sûr, je me suis fait beaucoup taper dessus parce que je les fréquentais.
    Au début, les gens pensaient que j'étais juste bizarre, un gosse un peu perturbé. Mais une fois qu'on m'a collé l'étiquette "gay", je me suis retrouvé libre de faire le con et d'obtenir que certaines gens ne s'approchent pas de moi. Au lieu de demander aux gens de me foutre la paix, je leur faisais croire que j'étais homosexuel pour qu'ils ne me fréquentent pas. Mais j'ai fait des rencontres effrayantes en rentrant le soir, dans des ruelles sombres.

    - On vous a frappé ?

    -Oh oui, plusieurs fois.

    -Vous inscriviez, à la peinture, "Dieu est Gay" sur les camions de vos voisins !

    - Ca, c'était vraiment drôle. Ce qui était tordant, ce n'était pas le fait en lui-même, mais ce qui se passait le lendemain matin. Je me levais très tôt pour me promener longuement dans le quartier que j'avais avili en une nuit. C'était la pire des choses dont on puisse barbouiller leurs voitures. Rien n'aurait pu avoir plus d'effet.
    Aberdeen est une ville déprimante, tout y est triste, et c'était vraiment le pied de se foutre de la gueule des gens sans arrêt. J'aimais bien aller dans des soirées pour me soûler et dire des obscénités, fumer des cigares et cracher sur ces péquenots sans qu'ils s'en rendent compte. À la fin de la soirée, j'avais généralement offensé une jeune fille, qui appelait son petit ami à la rescousse pour me casser la figure !

    - Puisque vos amis étaient homosexuels, et que l'on disait de vous que vous étiez gay, vous êtes-vous demandé si vous étiez homosexuel ?

    - Oui, bien sûr. Vous comprenez, j'ai toujours cherché à avoir des amis masculins, avec qui je puise me lier intimement, parler de choses importantes et montrer mon affection autant qu'à une fille. Au cours de ma vie, j'ai toujours été proche de filles, mes amies étaient des filles. Et j'ai toujours été maladivement féminin. J'ai cru que j'étais gay pendant un moment parce que je ne trouvais pas les filles de mon lycée attirantes. Elles avaient des coupes de cheveux horribles et une attitude de merde. Alors je me suis dit que j'allais être gay pour un temps, mais ce sont les femmes qui m'attirent.
    Je suis bien content d'avoir eu des potes homos : ça m'a empêché de devenir moine. Enfin, je suis profondément gay en esprit, et je pourrais sans doute être bisexuel. Mais je suis un homme marié, et Courtney m'attire plus que quiconque. Si je n'avais pas rencontré Courtney, j'aurais probablement mené une vie bisexuelle. Mais elle est vraiment attirante.

    - On l'a souvent décrite comme une nana à pédés...

    - Elle l'est. Elle passait son temps à traîner dans les boîtes homosexuelles. Tout ce qu'elle sait sur les fringues et le parfum, elle le sait de ses amis.

    - Maintenant que vous êtes père, qu'allez-vous expliquer à Frances à propos du sexisme, de l'homophobie, etc... ?

    - Je pense qu'en grandissant avec Courtney et moi à ses côtés, elle ne pourra pas avoir de préjugés. Il faut admettre que lorsque quelqu'un déteste les "ismes", c'est parce que ses parents l'ont éduqué ainsi.

    - Est-ce que vous vous inquiétez pour votre fille, lorsque vous voyez l'état du monde aujourd'hui ?

    - Je fais souvent des rêves apocalyptiques. Il y a deux ans, je n'aurais pas voulu avoir d'enfants. Je disais que les gens qui amènent des enfants en ce bas-monde se montrent drôlement égoïstes. Mais j'essaye d'être optimiste et on dirait que les choses s'améliorent, ne serait-ce que grâce aux progrès en communication des dix dernières années. MTV, même si c'est un maléfique outil commercial, a joué un rôle important dans cette prise de conscience.
    Je sais bien qu'il y a encore des républicains dans ce pays, mais ne sentez-vous pas un certain mieux vivre ? Pas seulement parce que Clinton est président, mais regardez la première chose qu'il a faite : il a essayé d'éliminer le ban sur les homosexuels dans l'armée, et je crois que c'est assez positif. Je n'attend pas de changements majeurs dans la société, mais je crois que depuis les cinq dernières années, notre génération s'en tire mieux. Aussi bête et ringard que ça puisse paraître, je peux dire que l'adolescent moyen actuel est beaucoup plus sensible que les ados d'il y a dix ans.

    - Êtes vous favorable à Clinton ?

    - Oh oui ! J'ai voté pour lui. J'aurais préféré Jerry Brown. Je lui ai fait don de cent dollars. Mais je suis bien content que Clinton ait été élu.

    - Est-ce que vous joueriez à la Maison-Blanche, si on vous le demandait ?

    - Si on pouvait avoir un peu d'influence, pourquoi pas ? Il paraît que Chelsea nous aime beaucoup, et peut-être qu'elle dirait : "Papa, fais ça ! Nirvana l'a dit !" Bien sûr, je jouerais pour le président. Et Chelsea a l'air assez bien. Amy Carter est aussi très cool, d'après ce qu'on m'a dit. Elle a assisté à des concerts des Butthole Surfers !

    -
    Vos opinions ne sont pas dogmatiques. C'est une attitude assez raisonnable.

    - C'est très flatteur, mais je suis certainement la personne la moins qualifiée pour parler politique. Je m'intéresse plus aux choses personnelles que politiques. Il y a un an, lorsque nous nous sommes rendu compte de l'impact que nous avions sur les jeunes, nous nous sommes dit que nous pourrions exercer une certaine influence sur les gens. On m'a traité d'hypocrite et de crétin, mais je ne peux pas m'en empêcher, c'est dans ma nature. Je dois parler des choses qui me révoltent, et si c'est dogmatique ou négatif, eh bien tant pis. Personne ne peut me faire taire. Je n'ai pas changé. Enfin... presque pas. En fait, j'étais beaucoup plus radical quand j'étais jeune.

    - En pensées ou en actes ?

    - Les deux. Mais surtout en actes. Je ne peux plus faire du vandalisme. Mais parfois ça me reprend, d'ailleurs, il n'y a pas si longtemps...

    - Et cette histoire de drogue, alors ?

    - Courtney a été honnête en avouant que nous avons fait une incursion au pays de l'héroïne pendant quelques mois. Elle venait de se rendre compte qu'elle était enceinte et toxicomane, et qu'il fallait cesser de se droguer. Mais l'interview laissait croire qu'elle abusait encore de l'héroïne, et tout le monde était inquiet. On disait que notre appartement était un lieu de perdition.
    J'en ai assez de parler de cette histoire. Nous subissons tous les jours les conséquences de cet article. Nous devons assumer.

    - Qu'avez vous ressenti en le lisant ?

    - J'étais écuré. Mon premier réflexe a été de vouloir la tuer. Je voulais personnellement lui casser la gueule, alors que je n'ai jamais eu envie de faire ça à quiconque, et encore moins à une femme. J'étais tellement en colère. C'était tellement bien fait. Nous étions incapables de combattre quelque chose comme ça. Nous avons été obligés de poser en famille sur la couverture des magazines.

    - Quelle est la chose la plus amusante que vous ayez lu à votre sujet ?

    - Presque tout ce qui a été écrit. La plupart du temps, on me fait passer pour un petit rocker péquenot, incapable de s'exprimer correctement. Un jeunot du rock complètement crétin.

    - Dans la presse, Courtney passe pour la Nancy Reagan de votre couple.

    - C'est écoeurant. Mon Dieu ! Je n'ai pas envie de dire "C'est moi qui porte la culotte à la maison." Tout est divisé en parts égales. Nous nous influençons l'un l'autre. C'est du 50-50. Courtney insiste pour me rembourser l'argent qu'elle m'emprunte, et elle garde un papier où est marquée la somme qu'elle me doit. Elle n'en est qu'à six mille dollars. Nous sommes millionnaires et elle s'habille chez Jet-Rag pour cinq dollars la robe. Terrible ! Ca me ferait plaisir de lui payer des robes à cinq dollars. Nous n'avons pas besoin de grand-chose.
    L'an dernier, nous avons gagné un million de dollars ; nos dépenses étaient de 380 000 dollars pour les impôts en tous genres ; 300 000 dollars pour une maison ; 80 000 dollars pour nos dépenses personnelles (nourriture, location de voiture etc...) ; le reste pour les notes de médecins et d'avocats. Ce n'est pas énorme ; c'est bien moins qu'Axl. Courtney a insisté pour que l'on signe un accord pré-nuptial. Personne ne manipule personne.
    Courtney a eu une idée fausse d'elle-même toute sa vie. J'ai discuté avec des gens qui l'ont connue il y a cinq ans, et ils me disent qu'elle était beaucoup plus volage et perdue qu'elle ne l'est maintenant. Parfois elle était complètement folle. Elle faisait tout pour qu'on la remarque dans des soirées. Je n'aurais jamais pu prédire un mariage aussi réussi avec une telle personne il y a quelques années. Ca n'aurait pas pu arriver.

    - Que faites-vous lorsque vous ne jouez pas ?

    - Eh bien, je viens de relire "Le Parfum". Il s'agit d'un apprenti nez au début du XVIIIe siècle. Et j'aime vraiment beaucoup Camille Paglia ; ça me divertit vraiment, même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'elle dit. Je peins, de temps à autre. D'ailleurs, j'ai peint moi-même la pochette de Incesticide.
    Je fabrique aussi des poupées. J'aime le style yougoslave des XVIIIe et XIXe siècles. Elles sont en argile. Je les fait cuire, je les vieillis, je leur mets des vêtements usagés. Elles ressemblent vraiment à des pièces de musée. Je pourrais en acheter de semblables lors d'une exposition de collectionneur, mais elles coûtent tellement cher. Je n'ai pas envie d'entrer dans le jeu "Je suis une rock star, je peux me payer des antiquités." Certaines poupées valent cinquante mille dollars.
    Je n'arrive pas à me procurer ce dont j'ai envie. Je fais les courses, j'achète à manger mais c'est tout. Je n'arrive pas à dépenser tout cet argent. Tout ce que j'aime est vieux, sans être forcément une antiquité, et ne vaut pas très cher.

    - Vous ne dépensez pas tout l'argent que vous gagnez ?

    - Parfois, j'aimerais bien. J'ai remarqué que certaines boutiques de luxe vous vendent à prix d'or des articles semblables à ceux que vous trouvez pour une bouchée de pain chez K-Mart (Monoprix) ! Les gens les achètent parce qu'ils n'ont rien de mieux à faire de leur fric. Il y a beaucoup de choses sur Rodeo Drive. On est entrés chez Gucci juste pour voir combien un sac Gucci coûte. Un sac en cuir tout simple avec "Gucci" marqué dessus, ça vaut dans les dix mille dollars !

    - Aimez-vous Los Angeles ?

    - J'adore le temps qu'il y fait mais je n'aime pas y vivre. Je hais cette ville. Surtout parce que conduire là-bas avec le bébé dans la voiture est vraiment dangereux. Les gens sont tellement grossiers. Je ne suis pas un mauvais conducteur, mais tous les jours je m'engueule avec quelqu'un.
    Nous étions à Los Angeles pendant les émeutes. Ils auraient dû tout casser à Beverly Hills. Ils auraient pris les sacs Gucci !

    EDIT: J'adOoRe cette photO !






    FiNniii

    16/01/2007 21:30

    FiNniii


    C'est fini pour les interviews
    Dommage que je n'en ai pas
    beaucoup, j'aimerais vous en
    faire profiter !

    Merci d'être venu et
    (si vous l'avez fait) d'avoir pris le
    temps de lire...
     





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