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CHAPELLE 42, SOURCE RELIGIEUSE POUR LA VÉRITÉ ET CONTRE L'ORDRE ÉTABLI
JE SUIS DÉSOLÉ, KURT
Je me trouvais à Seattle le jour où Kurt Cobain est mort.
Je fais des affaires avec une entreprise de Seattle depuis un an, et je connais bien les personnes qui y sont employées. Plusieurs d'entre elles adhérent à la tendance "grunge" et l'une d'elles, Beth, a même écrit un article sur la culture musicale à Seattle dans un journal de Los Angeles. Depuis des semaines, Glenn, l'ingénieur de Seattle avec qui je travaille, raconte des blagues tordues à propos de veillées aux chandelles auxquelles Beth participe, prostrée dans un état de deuil profond. À la télé, Rush Limbaugh considère Kurt et tous ceux qui se reconnaissent en lui comme un ramassis de fainéants et de hippies shootés à mort. Mais plus j'en entends sur Kurt, et plus j'ai mal pour lui. Je pleure sa perte.
La rage et l'intensité de sa musique m'ont intrigués, et j'ai voulu savoir ce qui alimentait cette révolte, quelles expériences avaient donné à cet homme une telle capacité à incarner le malaise d'une génération.
J'ai été saisi de trouver autant de similitudes entre sa vie et la mienne. Nous avons tous deux grandi dans de petites villes où la créativité et la diversité étaient considérées comme suspectes et douteuses. Bien que de natures différentes, nous avons également souffert de problèmes de santé durant notre enfance. Et tous deux avons été harcelés et accusés d'homosexualité pendant l'adolescence.
Au fur et à mesure que j'avançais dans mes recherches, j'ai essayé de comprendre ce qui a rendu la vie de Kurt si différente de la mienne. Moi aussi j'ai passé ma vie à me battre contre la dépression, mais même les fois où je me sentais au fond du gouffre, je n'ai jamais envisagé sérieusement de me suicider.
La première différence que j'ai trouvée était que, par la grâce de Dieu, j'ai vécu dans une famille aimante, formant autour de moi un havre de paix. Pourtant, cette explication n'était pas suffisante. J'ai alors compris que, pour moi, Dieu avait tout changé. J'ai été assez favorisé pour naître dans un milieu où j'ai appris l'amour de Dieu, qui m'a prouvé sa compassion aux instants les plus sombres. Je ne pouvais comprendre comment Kurt avait raté ce message. Puis je me rappelai le passage de Nirvana dans l'émission de MTV Unplugged. Kurt y disait ressentir le regard des autres très négativement : dans leurs yeux, il se voyait imparfait. Pour avoir chanté la chanson Jesus Doesn't Want Me For A Sunbeam, Kurt devait imaginer que Dieu le voyait comme quelqu'un d'indigne.
Quand je regarde la vie de Jésus, je suis surpris par les gens qu'il a choisi pour l'entourer. Aujourd'hui, les hommes de foi modèles sont ceux qui ont un bel appartement, une jolie voiture et une vie de famille réussie. L'Église agit comme si leur succès était une sorte de baromètre de l'approbation de Dieu. Mais quand je regarde Jésus, je vois qu'il s'adressait aux rejetés de l'ordre social et politique, aux marginaux de son époque : prostituées, lépreux, pauvres, femmes divorcées, percepteurs et, j'en suis persuadé, les alcooliques et les drogués de son temps. Son message relatif à l'amour de Dieu s'appliquait également à tous, mais il me paraît clair qu'il voulait le diffuser en priorité à ceux qui souffrent le plus et qui ont le plus grand besoin d'amour.
Kurt, tu étais si proche... Tu avais atteint le point où tu ne pouvais pas aller plus loin, et le seul endroit où te réfugier était près de Lui. C'est vraiment le seul moyen que tu avais pour te rapprocher de Lui. Si seulement tu avais su qu'Il était là, prêt à t'accepter, si tu avais cru en Lui... Je t'aurais dit la vérité, Kurt, mais je n'étais pas là. Je suis désolé.
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SIDES, JOURNAL DE LA CULTURE POP DE BELFAST (IRLANDE)
NÉCROLOGIE DE KURT COBAIN
Beaucoup d'encre a coulé sur les événements du 8 avril 1994, jour où le corps de Kurt Cobain a été découvert dans le garage de sa maison. Ce jour restera dans la mémoire des milliers de fans de Nirvana pour de nombreuses années. Des cyniques ont déclaré que Cobain, "martyre du Rock and Roll" a tenté, en se supprimant, de devenir le Jim Morrison des années 90, mais de telles déclarations sont vraiment vaines et stupides.
À ce jour, les incertitudes qui entourent la mort de Jim Morrison perpétuent la légende de son martyre, de sa tentative pour "passer de l'autre côté". En fait, certains maintiennent que Morrison n'est pas mort et qu'il a mis en scène sa disparition pour échapper à la pression de la vie. Ils affirment qu'il finit ses jours dans la paix de l'anonymat.
Il n'existe aucune incertitude semblable au sujet de la mort de Kurt Cobain. Celui-ci a été trouvé dans son garage, tué depuis un certain temps par le coup de feu qu'il s'était tiré dans la tête. Autour de lui se trouvaient quelques cassettes, un jeu vidéo, une note de suicide manuscrite, et une peluche. Il a été identifié avec certitude par ses empreintes digitales.
Kurt a souffert d'une maladie rare pendant sept ans, qui lui causait des maux d'estomac d'une telle intensité qu'il pensait presque chaque jour à se tuer pour arrêter la douleur. Cette souffrance, violente et continuelle, l'a conduit à une profonde dépression, proche de la schizophrénie, accompagnée de fréquentes crises de narcolepsie. Aucun des médecins qu'il a consultés n'a pu l'aider, mais l'argent gagné grâce à Nirvana lui a offert un exutoire à ses douleurs : l'héroïne. Rapidement, l'héroïne a pris le dessus. Cobain a plusieurs fois essayé de rompre avec cette dépendance, mais ses douleurs d'estomac resurgissaient avec une telle violence que même la drogue paraissait préférable.
Son amour indubitable et sa dévotion pour sa femme Courtney Love et pour sa fille Frances ont apporté à sa vie le bonheur et l'espoir qui lui manquaient. Malheureusement, l'attention constante des médias et ses crises de dépression de plus en plus fréquentes l'ont finalement conduit au bord du gouffre. Les spéculations sur l'origine de sa défaillance ne cesseront pas de sitôt, mais une chose peut être affirmée avec certitude : les larmes qu'il a versées, les souffrances qu'il a endurées avaient la même valeur que celles de tout être humain.
Autour de la maison de Cobain, le jour où on a retrouvé son corps, la rosée aurait dû couvrir l'herbe. Le soleil aurait dû se lever sur un nouveau jour. L'air aurait dû s'emplir des bruits du matin. Pour les fans de Kurt, il n'y a plus de rosée, plus de jour, plus de bruit. Seulement, dans cette maison ce jour-là, le corps de Cobain reposant dans le silence définitif qui témoigne du vide de la condition humaine. En regardant une photo fameuse de Kurt, prise après un concert en 1991, je vois un jeune homme égaré, qui se débat avec les forces qui l'habitent et qu'il ne peut ni comprendre ni contrôler. Il n'y a rien de factice dans ce jeune homme, ni dans cette folie qui a infiltré son travail et sa vie.
Il y a seulement un individu terrifié et solitaire.
Je pleure pour lui.
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EDNA GUNDERSEN, JOURNALISTE À GANNETT NEWS SERVICE
Depuis la mort de Cobain, de nombreuses grandes stars du rock ont exprimé leurs réactions au suicide de ce révolutionnaire grunge.
Bruce Springsteen : "Je pense qu'il avait avec son public une relation très profonde. Cette sorte de magie est rare. Vous détestez perdre quelqu'un comme ça, quelqu'un qui maintenait la musique en vie et la faisait avancer. Il n'y aura pas beaucoup de types comme lui dans l'avenir."
Don Was, producteur de Bonnie Rait et des Rolling Stones : "Le milieu de la musique peut être tellement dégueulasse. Personne n'a vraiment conseillé ces mecs. Nous les avons laissés se débrouiller, vulnérables, confrontés à des choses profondément répugnantes. C'est un sale milieu. Ce n'est pas la façon dont nous faisons des affaires qui est déplaisante, mais la façon dont nous traitons les artistes, qui sont des êtres humains sensibles. Nous les considérons comme des chaussures dans un magasin. Nous ne faisions pas assez de différence entre Kurt Cobain et, par exemple, une simple marchandise telle que des chaussures de basket Air Jordans."
Liz Phair, rocker alternatif qui monte: "Il est possible que Cobain ait toujours eu des tendances suicidaires, mais je pense que son succès les a exacerbérs. Il a perdu le contact avec sa vie réelle. Je me demande comment il pouvait encore travailler. N'importe qui si près de la mort n'aurait pas pu travailler."
John Mellencamp : "Cobain s'est senti obligé de s'exploser la tête pour résoudre ses problèmes. Il n'en serait probablement pas arrivé à de telles extrêmités s'il n'avait pas touché à la drogue."
Peter Buck, guitariste de R.E.M, qui vit à Seattle : "Sa mort m'a beaucoup affecté. J'y pense chaque jour et je veux y penser pendant encore des années... Je le connaissais, même si je n'étais pas son meilleur ami... Je ne pense pas que j'aurais pu faire quoi que ce soit."
Marianne Faithfull : "J'adorais sa musique. J'ai été bouleversée. Ceux de notre époque, les années soixante, ont vécu beaucoup de traumatismes comme celui-là. C'est terriblement triste."
Tom Petty : "Les membres de Nirvana étaient loin devant tout le monde ; ils ont ouvert un chemin. C'était la musique la plus incroyable que j'aie entendue depuis des dizaines d'années. La mort de Cobain m'a déprimé. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Je ne connaissais pas Kurt... De telles flammes ne brûlent jamais très longtemps. Les flammes vraiment brillantes semblent se consummer, puis elles disparaissent. Peut-être que Kurt était destiné à ne rester en ce monde que le temps nécessaire pour nous mettre sur le bon chemin."
Trent Reznor de Nine Inch Nails : "J' ai eu de sales moments dans ma vie mais, heureusement, rien ne m'a jamais poussé vers la drogue. Je ne connaissais pas Kurt. Il était un million de fois plus connu que nous. Mais même à notre niveau, par moments, la vie est insupportable. Nous vivons dans un monde de paparazzi, et Kurt avait une vie faite pour les tabloïds. S'il avait eu les idées claires, il aurait compris qu'on peut arrêter tout cela quand on le veut vraiment. On peut partir pour quelques années et se laisser oublier. Plus tard, dans cet exil, on se rappelle à quel point c'était terrible d'être célèbre !"
Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, qui s'est débarrassé de sa longue dépendance à l'héroïne : "Je pense qu'il était dans le mauvais créneau. Qu'y a t-il de si pénible à être le chanteur d'un des plus grands groupe de rock'n'roll du monde ? On s'y fait... Après que le mec ait essayé de se tuer à Rome, j'ai été surpris que son entourage, censé s'occuper de lui, le laisse s'acheter un fusil et se morfondre pendant des jours. Ils savaient à quoi s'attendre. Kurt était déterminé."
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STATE 51, MAGAZINE D'EXPLORATION DES COURANTS MUSICAUX.
"Nous nous rappelons qui était Kurt : un être attentionné, généreux et doux. Conservons sa musique dans notre coeur. Kurt pensait qu'aucun groupe n'est vraiment unique. Si vous avez une guitare et beaucoup d'inspiration, jouez quelque chose qui vous ressemble intimement, et vous serez une superstar. Réunissez des notes, des rythmes, et vous obtiendrez quelque chose d'universel, et de profondément humain : la musique ! Merde ! Servez-vous de votre guitare comme d'un tambour. Rentrez dans le rythme et laissez s'envoler votre coeur.
C'est à cette partie de nous que s'adressait Kurt : notre coeur. Et c'est à cet endroit qu'il restera pour toujours, avec sa musique."
Hommage à Krist Novoselic, musicien de Nirvana, ami fidèle de Kurt.